mardi 8 septembre 2009

Avec la grâce de Dieu, à nul autre comparable

L’Université Laval est la 4e plus ancienne des universités nord-américaines, c’est-à-dire qu’elle est très jeune si on veut la comparer à ses homologues européennes. Fondée en 1852 et construite dans ce qui allait devenir le « quartier latin » de Québec, l’Université Laval est une progéniture de la reine Victoria et du temps où le Royaume-Uni pouvait encore faire ses pâtés de sable dans son joli dominion. Cependant, la petite histoire, si gentille puisse t-elle paraître avec ses petites tresses, est en réalité truffée de nid-de-poules.
Ainsi, l’Université Laval ne doit pas son nom à la reine Victoria, comme on peut s’en douter, mais au bien illustre premier évêque de la Nouvelle-France François Montmorency-Laval, de qui Alexandrine Victoire reprendra le dernier morphème pour baptiser sa création. Car il faut savoir que François Montmorency n’a jamais fondé la moindre Université Laval, mais seulement le Séminaire de Québec en 1663, auquel sera d’ailleurs confié, deux siècles plus tard, la gestion de l’Université Laval – et là, je suis aussi perdu que vous.
Quelques années plus tard, en 1971, l’université dont la devise est encore « Deo favente haud pluribus impar » (avec la grâce de Dieu, à nul autre comparable) perdit sa confession et devint tout à fait laïque.

Ce bric-à-brac historique est à l’origine d’un nœud de malentendus qui n’en finissent pas d’alimenter les énigmes et les faits divers. En effet, beaucoup ne comprennent pas qu’il puisse y avoir une Université Laval à Québec plutôt qu’à Laval, et il doit sans doute exister des Lavallois pour prendre la chose comme le signe du plus haut mépris. D’autres vont jusqu’à écrire « Université de Laval », ainsi que moi fut un temps, ce qui rend la confusion plus effective encore, et ce qui me fait dire qu’il est heureux qu’il n’existe pas d’université à Laval, sans quoi nombre d’étudiants voyageurs s’étonneraient, à leur arrivée, des airs de banlieue montréalaise de Québec.

Néanmoins, l’Université Laval reste un lieu d’étude et de vie extrêmement agréable. Les facultés y sont réparties en vastes pavillons qui, quoique d’une architecture un brin fascisante à mon goût, ont le mérite d’être lumineux, bien agencés et très confortables.
En dessous, un vaste réseau souterrain les relie, mais au dessus, ils sont séparés les uns des autres par quantité de pelouses, d’allées boisées et de jardins. En fait, l’omniprésence végétale est ce qui me plaît le plus ici : le bruissement des arbres, les essences multiples, la jeunesse oisive étalée sur le gazon, accumulant dans ses chairs les derniers rayons de l’été (rira bien qui rira le dernier !)…

Il y a même un bois naturel où l’on peut croiser, entre deux course-poursuites d’écureuils, des poètes en mal de siècle et des professeurs cherchant des raccourcis. C’est aussi un lieu idéal pour jouer aux jardins de Platon et d’Epicure, ainsi que la zone ayant sur le campus le plus fort taux de criminalité.

1 commentaire:

  1. ''C’est aussi un lieu idéal pour jouer aux jardins de Platon et d’Epicure, ainsi que la zone ayant sur le campus le plus fort taux de criminalité.''

    Hahaha.

    C'est vrai malgré tout.

    RépondreSupprimer