lundi 14 septembre 2009

13 septembre 1759

Triple zut ! Je m’étais juré d’écrire quelque chose au sujet de la bataille des Plaines d’Abraham lorsque viendrait son anniversaire, et je l’ai juste manqué, oublié, zappé. Pas la moindre petite odeur de salpêtre n’est venue chatouiller mes narines imaginaires, pas la moindre détonation n’a retenti dans mon crâne, trop préoccupé de présent, probablement, ce jour là.
Et puis, le jour d’après, je n’avais plus envie d’écrire. Et aujourd’hui non plus, d’ailleurs, mais il est encore temps d’être en retard avant de devoir fêter un non-anniversaire.

Donc, la chose est que, dimanche dernier, le Québec a fêté le 250e anniversaire de la bataille des Plaines d’Abraham, laquelle se déroula, comme son nom l’indique, non pas dans le parc éponyme mais plutôt à l’endroit où se trouve l’actuelle avenue Cartier – mais c’était des plaines, avant, avec tous les écureuils et les ours qu’on connaît bien, maintenant.
Les festivités eurent lieu le 13 septembre 1759. La guerre de Sept Ans battait alors son plein, et James Wolfe, général de sa Majesté le roi d’Angleterre, tenait le siège de Québec depuis le mois de juin, mais sans trop savoir comment la prendre définitivement – les troupes françaises étaient alors plus nombreuses que les siennes, et un premier débarquement avait déjà échoué en juin.
Pour sa seconde tentative, Wolfe fit le choix de la discrétion en faisant débarquer ses troupes dans la nuit du 12 au 13 septembre. Lorsque les sentinelles françaises s’en aperçurent, l’armée anglaise avait déjà atteint les hauteurs de Québec.
Le Marquis de Moncalm, général de l’armée française, se trouvait alors à Beauport, et n’eut d’autre choix que de rejoindre Québec au triple galop, seul. Il laisse derrière lui près de 1500 hommes, abandonnant dans l’urgence l’avantage d’une nette supériorité numérique pour se retrouver en nombre égal devant les troupes de Wolfe.
La bataille durera vingt minutes environ et verra la défaite de l’armée française, ainsi que, fait piquant, la mort quasi synchrone des deux généraux : une balle atteint Montcalm dans le dos au cours d’une retraite, tandis que Wolfe en collectionne cinq avant de mourir, dont une qui lui arrache les doigts de la main droite. Cependant, ne le plaignons pas : le petit sir avait choisit son destin, en annonçant, au début de la guerre, qu’il « donnerai(t) volontiers une jambe ou un bras pour posséder Québec »… Alors quelques doigts, c’est « pas si pire ».

Ci-dessus : reconstitution de la bataille des Plaines par Akira Kurosawa

La bataille des Plaines d’Abraham scelle la fin du Canada français. Le Royaume de France, épuisé par une guerre qu’il mène aussi en Europe et en Inde, choisit d’abandonner sa colonie américaine, approuvé par les mots d’un Voltaire qui continue de distiller l’amertume dans les esprits québécois : « Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu'elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut. » (Candide)
N'empêche. A l'époque de Montcalm, la moitié de l'Amérique du Nord était française. Les possessions du roi s'étendaient du Québec à la Lousiane, en passant par le Mississipi et tous ses affluents. P'tête ben que, si les français avaient gagné la bataille, tout le monde lirait Voltaire dans le texte, en Amérique.

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