samedi 27 février 2010

L'alter ego du Chinook

"Nin nin niiin niiin niiiin."

Sur la route qui mène aux pays des Tri-fluviens, mon conducteur du jour m’a fait le portrait d’un curieux phénomène, le Chinook, pour lequel je me suis empressé d’imaginer un article, parce qu’il m’a plu. Oui mais voilà : il semble que la version de mon conteur soit pour le moins artiste, et que les dires wikipédesques proposent exactement le contraire : la symétrie est si frappante qu’il y a lieu de se demander si mon conducteur ne pensait pas rouler vers Québec en allant à Trois-Rivières…

Le Chinook de sa connaissance est un vent violent, subit et glacial, qui sévit deux ou trois fois chaque été dans les plaines vastes et sèches de l’est de l’Alberta. En l’espace d’une demi-heure, la température, généralement caniculaire à cette période de l’année, chute de plusieurs dizaines de degrés jusqu’à atteindre les régions négatives, avant de remonter tout aussi promptement. Les agriculteurs ne seraient jamais dans les champs sans avoir à portée de main des vêtements d’hiver, mais le phénomène, mal connu, attraperait chaque année une poignée de touristes.

Certes, l’autre Chinook se caractérise aussi par des vents brutaux, mais il ne touche au mieux que l’ouest de l’Alberta, sévit principalement en hiver et, surtout, consiste en une forte hausse des températures, laquelle se réalise plutôt en deux fois une demi-heure. Il s’accompagne en outre de la formation d’une arche nuageuse donnant lieu à d’émouvants crépuscules, et peut faire fondre d’impressionnants volumes de neige en l’espace d’une journée.

Qui faut-il croire ? Sur qui jeter son dévolu ? Mon conducteur roulait peut-être à contresens, mais force est de constater la supériorité poétique de sa description. Des champs jaunes de céréales mûres jusqu’à la ligne d’horizon, sous un ciel impeccable, écrasé par la chaleur et le silence ; et tout à coup, ce courant d’air qui passe sans mot dire et plonge la plaine dans un hiver infernal, pétrifiant l’ignard Européen venu prendre des photos ; vraiment, est-ce que ça ne vaut pas un méchant crépuscule ?

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