jeudi 11 février 2010

New York

42e rue, je suis encore seul dans New York, je cherche le théâtre du film de Louis Malle, sans trouver. L’a-t-il jamais tourné 42e rue, son film ? C’est une bouche de métro que je cherche, le reste viendra tout seul… Rien. Pourtant, ce que j’ai de souvenir correspond bien à cette ambiance : bazar, devantures garnies d’ampoules, rythme et couleurs de la foule. Il y a même la lumière de fin d’après-midi : or orangé, gazeuse ou bien liquide.


Dans les fast-foods, une table court tout le long de la vitrine. Les gens s’installent à vue de tout le monde, et mangent. Ainsi, on marche dans New York ; il y a une vitrine pleine de sacs à main, puis une vitrine pleine de mannequins, puis une une vitrine pleine de gens qui mangent. Mais je ne sais toujours pas pourquoi je pense à Charlie Chaplin.


Le quartier chinois de New York est beaucoup plus chinois que celui de Montréal ; on passe une rue ou deux, et puis, ce n’est pas tant que la foule diminue ou grandit, mais il n’y a quasiment plus que des Chinois, ou du moins des asiatiques, et cela sans que la transition – ou la rupture ? – ait été remarquée. C’est moins vrai de l’architecture qui, me semble-t-il, se sinise assez subitement : consoles, écritures verticales, rouge. Parfois, ce n’est qu’une simple variation de contenant, pour un même contenu : Mc Donald, ou Starbucks. Pour s’en distraire, on entre dans une épicerie orientale, pleine de choses transparentes et gélatineuses, de plaisirs invisibles et de gingembres confis, qu’on avale plus ou moins goulument contre une nuit trop courte.


Little Italy. D’abord, une rue saturée de rouge, de vert, de blanc, et toutes les couleurs qui déteignent dans l’air. Le gonflent, l’envahissent, et sont, plus que jamais, lumière. Mais seulement le temps que l’œil s’y accommode : comme un tableau trop plein de rouge apparait, la première fois, tout rouge.


Un ciel bas de neige en suspension répand la lumière de tout côté, annule les ombres. Les pro-fondeurs disparaissent, les premiers plans, les seconds ; on dirait le dessin d’un enfant qui n’a pas voulu colorier le ciel trop large, et laisse tel quel le blanc corrosif de sa feuille d’imprimerie. L’appareil photo est victime de la même paresse, on croit que c’est la fin du monde derrière les gratte-ciels.


A la proue du vaisseau Manhattan, une jeune étudiante voudrait to stroll le long de la promenade parquetée qui donne sur la mer, la Statue et le soleil foncé. Mais un vil assène à sa poésie un mé-chant mot français, et d’une mauvaise rime l’arrache à ses vœux.


Quelque part dans la rue qui longe le nord de Central Park, la nuit, un raton-laveur fouille dans une poubelle, passablement indifférent aux promeneurs. Las, il rentre chez lui la queue très basse, et le dos rond comme un mauvais chat.

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