samedi 6 février 2010

En route

Vendredi.

9h38

L'autobus a franchi la frontière il y a une demi-heure, peut-être. Ce ne fut pas une mince affaire, mais je m’en suis sorti sans encombre. Nous roulons vers le sud, donc, et la neige disparait petit à petit… Il n’y a plus que des pelouses brûlées, poudrées ou tachetées de neige ; des nappes de neige, de temps en temps. Et cela dans l’or clair d’un matin au ciel à peu près pur. J’ai vu des fermes aux bâtiments étales et démesurés, tout rouge et bordés de blancs, avec des silos en aluminium, entièrement comme on les imagine quand on pense aux campagnes américaines. Hormis tous ces détails, le paysage n’a guère varié depuis que nous sommes sortis de Montréal ; peut-être comporte-t-il plus de reliefs. Nous nous dirigeons d’ailleurs vers de vieilles montagnes, assez belles vues de l’autobus, et qui pourraient bien être les Appalaches. Cependant, nous sommes encore loin de New York : nous y serons, si tout va, à 16h30.

11h27

Les Appalaches n’étaient en fait qu’un massif montagneux dont nous sommes sortis depuis un certain temps, maintenant. Il semblait complètement vierge : pas une habitation, pas le moindre édicule, seulement des forêts de conifères, des lacs gelés et tachés de neige, des sculptures de stalactites sur le moindre rocher. J’ai vu quelques petites agglomérations depuis – une dizaine de pavillons, parmi les arbres – et beaucoup de drapeaux américains. J’en ai même aperçu un planté sur un rocher, en plein désert : impossible de ne pas savoir où l’on est.

Je crains de me joindre bientôt au chœur hurlant des vessies : j’espère que je pourrais descendre à Albany, sans quoi ma première préoccupation à New York sera inévitablement de me trouver un café, bar où n’importe quel endroit susceptible de m’offrir un lieu de libations.

12h05

Il faut faire une croix sur Albany : nous n’avons pas même traversé la ville. J’attendrai, donc : encore quatre heures et demi.

C’est étrange, cette herbe jaune saupoudrée de neige. On dirait qu’il a neigé en été. Le ciel est toujours bleu clair, lumineux, bleu de janvier, en fait, mais nous arrivons sous un troupeau de légers cumulus, encore tout étincelants mais légèrement sombres à la base.

12h28

Ma première visite aux Etats-Unis aura été celle d’une station service ; j’avais été surpris de trouver un Starbucks dans le restaurant de mon université, je l’ai été davantage encore dans trouver un dans un tel lieu. Outre cela, j’ai noté la variété des barres sucrées vendues dans l’épicerie, dont les trois-quarts des marques m’étaient inconnus. A côté de cela, des sandwichs emballés et des salades en boîte ; on y vend aussi des luettes, des livres qui ont tous un titre en relief brillant comme des lèvres glossées, et des gadgets dont je n’ai pas compris la fonction. Aussi, pour que vous dégagiez le passage, les gens ne disent plus « pardon », mais « sorry ».

Vers 14h00

Et puis, tout à coup :




Samedi.

00h00

Nous étions dans le New Jersey lorsque, le temps d’un sommet de colline, l’ombre de Manhattan s’est détachée au loin, irréelle, la silhouette de l’Empire State Building se détachant nettement parmi ses masses verticales. Plus tard, il y eut un tunnel, et après de longues minutes de nuit l’autobus est apparu en plein Manhattan, parmi les immeubles et les couleurs, dans le jour magnifique. Et j’ai fait mes premiers pas sur la 42e rue.

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