mercredi 6 janvier 2010

Les jours tièdes

Petite, la voix de la raison me dit que l’hiver, après tout, n’en est qu’à ses débuts, et que janvier n’a pas six jours – pas tout à fait. Et puis, je n’ai jamais vu tant de neige de ma vie, ni de tant de sortes. Surtout, je ne sache pas qu’un autre hiver m’ait initié au froid : je l’ai appris cette année, un soir que je rentrais chez moi, et je l’ai révisé un matin que j’en sortais. J’en ai déduit qu’il n’y a pas de froid sans vent, qu’il faut avoir la sensation qu’on vous martèle un clou dans le front pour le reconnaître, et que sitôt que j’aurai quitté le Québec, il n’y en aura plus jamais.

Oui mais voilà, deux fois n’est que deux fois, et il se peut que je veuille plus de neige : après tout, ce désir n’a pas de fin. Or, les premiers jours de cette année nouvelle, à l’instar des derniers de sa parente, vont a contrario de ce que je souhaite. Par trois fois, si ce n’est plus, et comme pour singer les printanières, les températures ont glissé leurs blancs jupons de l’autre côté du zéro, en terrain positif. Jamais longtemps, certes, mais tout de même : deux fois au moins, il a plu ! La première donna le jour le plus dégoûtant de la saison, pour sûr, avec ses boues sales se déversant dans les rues de Québec comme des lahars glacés, inondant les places, pénétrant les mauvaises bottes… J’ai mieux supporté l’autre fois, mais c’était que je ne sortais pas.

Alors oui, la raison n’a pas tort de me dire que médiocre n’est pas mauvais, et que cela n’est pas tout l’hiver, et que puis-je y redire ? Sinon que je n’aime pas la tiédeur, et que j’aime mieux qu’un temps soit franc plutôt que de se complaire dans ses hésitations. A quoi elle rétorquerait peut-être que j’ai le comportement d’un spectateur qui en veut pour son billet, voire : d’un touriste ! Mais elle se méprendrait, car ces frustrations (toujours exagérées, d’ailleurs) je les prends aussi pour mon voyage, et quoique je préfère illustrer tout ceci par un plaisir de salon.



4 commentaires:

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  2. Cher Sylvain,
    de ce cote ci de la frontiere, les choses ne sont pas plus coherentes. Au vu des 37 F annonces, je me sens d'humeur a sortir sans mon bonnet. Que nenni! le vent fouettant mon visage a tot fait de disperser ma joie legere. Et me voici sagement de retour derriere ma vitre, par laquelle je contemple ces kilos d'eau fondante.

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  3. Tu as dû aimer la petite tempête d'avant-hier, Sylvain! :D

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