vendredi 28 août 2009

Le ciel sans dessus dessous

Un imperturbable plafond de nuages blancs m'aura privé tout le long du voyage de voir la mer d'en haut. J'aurais aimé savoir ce que c'est que d'avoir en dessous de soi, pendant sept heures de vol à 11 000 mètres d'altitude, l'Atlantique.
Pour me consoler, je me suis brûlé les yeux à contempler l'impossible désert de neige et de nacre que formait ce parterre nébuleux, et qui étendait jusqu'à l'horizon, plus linéaire que jamais, ses gouffres et ses moulures fantasques, vierges, irréelles, et comme taillées dans une matière tout à fait palpable - et qu'on voudrait bien toucher, d'ailleurs.
Mais c'est aussi l'avion qui nous apprend que les plus beaux nuages ne sont jamais que de vagues brouillards.

Heureusement, les nuages ont commencés à se dissoudre au moment où les côtes du Québec sont apparues dans mon champ de vision. C'était des îles, des presque-îles, un bazar de terre qui ne se résout pas à quitter l'océan. L'avion s'est incliné au dessus d'une vaste banlieu de pavillons rouges, verts, blancs, de clochers d'aluminium et de piscines qui faisaient des confettis bleu clair, et tout était entouré d'arbres, comme une ville faite dans une forêt, et d'ailleurs il y avait des forêts partout autour, et des horizons immenses derrière des monts erodés.

J'ai été surpris par l'air aussi chaud qu'humide, qui fit bientôt une pellicule partout sur ma peau. Mes yeux du soir voyaient un soleil d'après-midi, et au dessus de l'aéroport, de vastes troupeaux de cumulus bien rangés parcouraient la voûte du ciel, plus haute que jamais. Vraiment, on croira que je veux faire dans le fantastique, mais j'assure que, quatre jours plus tard, je trouvai à Montréal un article dont l'introduction décrivait les sensations du voyageur européen débarquant au Québec, et qu'il y avait dedans les mêmes cumulus ! A croire que ces petits moutons sont les hôtes habituels - réels ou hallucinés - de ceux qui descendent des avions de Montréal ou de Québec.

1 commentaire:

  1. Ah ces moutons !
    Ils doivent jouer des tours aux arrivants. D'ailleurs, dans quelques mois, tu ne les verras sans doute plus, car tu auras perdu tes yeux d'étrangers, posés négligemment !

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