jeudi 27 mai 2010

Pour expliquer une différence

Je ne sais pas si le verbe français "déjeuner" est encore perçu en France ou au Québec comme un assemblage de trois morphèmes :
1. -jeûn-, soit le jeûne de la nuit,
2. dé-, qui doit signifier ici "fin, rupture avec ce qu'exprime la base de mot" (plutôt que "le contraire de", mais je me trompe peut-être),
3. -er, suffixe courant de la langue française qui signifie l'action,
pour le sens global de "mettre fin au jeûne, rompre le jeûne (celui de la nuit)".

Mais si le Québécois et le Français ne "déjeunent" plus à la même heure, on peut supposer qu'il y a un rapport avec l'importance traditionnellement accordée aux différents repas de la journée. Classiquement, le matin québécois comporte viandes et féculents en proportions généreuses et se veut ainsi une véritable "rupture du jeûne" : il n'y a donc aucune raison de l'affubler d'un "petit" ou d'appeler "déjeuner" le repas du midi, qui reste donc le "dîner", comme il se nommait chez nous au temps jadis.
Cette importance du repas du matin est moindre en France (sauf ignorance de ma part) et la langue semble considérer que le jeûne de la nuit trouve son véritable terme lors du repas du midi, le repas du matin n'étant alors qu'une rupture partielle du jeûne : un "
petit déjeuner" que viendrait ensuite compléter le "déjeuner" tout court, repoussant le "dîner" au repas du soir et faisant tomber en désuétude le mot "souper", pauvre victime d'un insuffisant matin.

Et tout cela parce que tout à l'heure, je déjeune Chez
Jeannine avec Julie.

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