dimanche 14 mars 2010

Toronto


Le long du lac Ontario est une succession serrée de petits quais, de ponts en vagues, de promenades en bois et de parcs simples : c’est le waterfront, d’une solitude exquise à la lueur du matin, et qu’il faut goûter comme ça.

Lueur, lumière rase, et douce à la peau, qui dore les pelouses laissées mortes par les neiges évacuées, et qui se noie après dans le ciel vide et le lac, qui le redit.
Cette simplicité vaste de la palette, j’en retrouvais les reflets dans toute la ville, à moins que ce ne fût, justement, le charme éthéré d’un limpide début de mars.


J’ai posé ma paume et mes doigts nus sur le béton vierge et rugueux de l’un des bâtiments les plus hauts du monde, le second pour être exact, et le premier il n’y a pas trois ans.

L’un des plus hauts, et l’un des plus inutiles aussi : la CN tower n’est pas beaucoup plus que ce qu’on imagine, soit une antenne sur laquelle s’est empalée un restaurant. Je l’aime bien cependant, ce long doigt tendu comme un défi – aux gens qui sont de l’autre côté du lac ?


Il y a un moment où il faut s’arrêter de marcher, bien qu’il y ait encore du chemin jusque derrière l’horizon, et alors on se dit qu’on n’ira jamais plus loin dans cette direction. Toronto était probablement le point le plus à l’ouest de mon séjour en Amérique du nord, et je conserve ici la mémoire d’un point géographique que je ne dépasserai pas avant longtemps, peut-être même jamais. C’était du côté de High Park, sur une petite plage de sable froid.

Il ne me manque plus que trois photos.


Je préfère les quartiers périphériques aux buildings à la mode du cœur de Toronto, mais c’est aussi par le contraste qu’il font avec le quartier des affaires, donc il n’y a pas rejet.

Contraste, car couleurs sombres, allures d’abandon et de négligence des pavillons de bois, couleurs crues et bric-à-bracs des commerces de briques. Dans les jardins rendus sauvages par la neige disparu, des vieux jouets ça et là, et quelques détritus, attisent un sentiment de pauvreté, et dans le ciel les fils électriques s’entremêlent au réseau compliqué des câbles du tramway.

Toujours au-dessus des toits, le profil aigü de la tour CN.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire